Ce qu'ils ont dit sur le 1er Novembre 1954...

 

Benyoucef Benkhedda, Deuxième président du GPRA
Dans son livre "Les origines du premier novembre 1954"

"Il nous faut constamment répéter que le premier novembre 1954 ne fut pas une rupture avec le passé, n'est une action spontannée. Le premier Novembre constitua l'aboutissement d'un long travail d'action révolutionnaire, de propagande, d'explication et d'organisation, d'activités diverses, légales et non légales, de réussites et d'échec qui ont nécessité trois décenies décisives, au cours desquelles l'Etoile Nord-Africaine, puis le PPA et le MTLD ont joué un rôle essentiel dans la transfomation radicale de la mentalité des algériens et de l'éveil de la conscience nationale du peuple, des activités d'un genre nouveau, animées par le militant révolutionnaire organisé, attaché à un seul objectif important, la souverainté nationale sans concession".

 

Ahmed Mahsas, Moudjahid
Paru dans l'hebdomadaire "El-Bourhane"

"Je ne considère pas que la révolution ait été déclenchée le premier novembre 1954. les idées révolutionnaires ont vu le jour lorsque Messali Hadj a revendiqué l'indépendance de l'Algérie en 1925-1926. Á l'époque où les conditions de la révolution étaient enfin réunies, il ne s'agissait plus d'une résistance à l'échelle d'une région ou de tribus, mais d'une organisation et de concepts modernes. On peut donc parler d'une modernisation du mouvement national en Algérie qui a permis au peuple algérien de lutter contre la politique coloniale".

 

Abdelhamid Mehri, ancien Sécrétaire Général du FLN
Paru dans "El-Chaab" du 1er novembre 1989

" L'erreur methodologique que commettent beacoup de militants qui ont écrit sur la période de révolution armée, en partant d'un slogan révolutionnaire juste, lancé après le premier novembre pour rassembler tous les algériens dans un seul front de lutte pour arracher l'indépendance, a mené dans de nombreux cas à la déformation de la réalité. Affirmer par exemple que la lutte armée fut le résultat des organisations et partis algériens est erroné, car la plupart des ces partis ne croyaient pas à cette possibilité"

"En réalité, la conscience politique a mûri grâce aux efforts de tous les partis, mais la question de la lutte armée ne fut envisagée théoriquement et pratiquement qu'au sein du PPA qui a fait aboutir cette idée en affrontant des difficultés, des crises, des succès et des erreurs qui nécessitent d'6etre longuement commentées".

 

Mohammed Harbi, Historien
Intervention lors du colloque international sur Messali Hadj, en septembre 2011.

"Pour le grief qui a été fait a Messali, d’être contre l’insurrection, c’est absolument faux, j’ai le témoignage du colonel Ouamrane. Le colonel Ouamrane lors de la scission du MTLD, la wilaya de Kabylie, sous la direction de Krim, avait pris position pour Messali. Krim s’est retourné par la suite exactement comme Boudiaf sur la question d’une fixation claire de la date de l’insurrection, et donc quand il y a eu l’insurrection, d’après Ouamrane, et ça m’a été confirmé après par d’autres interlocuteurs, la première somme d’argent qui a été envoyé en wilaya 3 c’était une somme de 2 millions de francs qui a été remise à Krim et c’est ce qui a expliqué que dans le journal du MNA il y a eu une interview de Krim, c’est par la suite que petit à petit, quand Krim a vu qu’il avait une audience, qu’il devenait maitre d’un appareil qu’il s’est dissocié de Messali".

 

Moulaye Merbah, Moudjahid, ancien Sécrétaire Général du MNA
Dans le rapport qui décrit son arrestation le novembre 1954

"En prison, j’ai appris que la Révolution avait été déclenchée par des éléments du CRUA d’accord avec nos responsables de Kabylie (Krim Belkacem et Oumrane). J’ai aussi appris, que certains centralistes avaient quitté l’Algérie quelques jours avant les évènements après avoir remis une partie des fonds du parti qui était en leur possession aux dirigeants du CRUA....Quant à la Révolution, aucun d’entre eux (les centralistes) ne la prenait au sérieux. Les uns disaient « ces batards (en parlant des éléments du CRUA) ont déclenché ces événements dont le seul résultat a été notre arrestation ». Les autres disaient : « ces événements ne vont pas tarder à prendre fin car le peuple algérien n’est pas mûr et il est encore loin de comprendre le sens de l’indépendance ». Quant à mes camarades et moi nous étions tout à fait sûrs de la continuité de la lutte car nous avions appris que nos militants étaient déjà entrés en lice et avaient rejoint les maquis".